Poésie Persanne

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Internet comme arme

interview journal Libération du 18 juillet 2009

" La différence avec le régime du chah, c’est que les opposants d’aujourd’hui sont beaucoup moins organisés», explique Hassan Makaremi, un chercheur et artiste iranien réfugié à Paris.

 

Sur les photos prises en catimini, souvent avec un téléphone portable, on les voit avec un pistolet, un couteau ou une kalachnikov à la main. Certains sont surpris alors qu’ils frappent, tirent et même tuent des manifestants. A ce jour, ils sont quatorze, quatorze «tueurs» à avoir été identifiés par l’opposition, qui a fait circuler sur la Toile les clichés les montrant dans leurs basses œuvres. Sous les images, on peut lire leurs noms, leurs numéros de téléphone et leurs adresses. Ces hommes de l’ombre, les Iraniens les appellent les lebas shakhsi, c’est-à-dire «les vêtements civils». Ils font en général partie du service de renseignements des gardiens de la révolution. Toujours sur la Toile, on peut aussi découvrir des photos de lebas shakhsi qui n’ont pas encore été identifiés. Avec ce commentaire : «Ce sont eux qui frappent et tuent nos compatriotes. En envoyant ces images à tout le monde, on peut retrouver l’identité de ces gens. Faisons en sorte qu’ils soient poursuivis jusqu’à la fin de leurs jours. Si vous les connaissez ou si vous avez des infos sur eux, envoyez-les au mail suivant…» Nébuleuse. Si l’opposition a perdu la bataille de la rue, si elle n’espère plus beaucoup le soutien des religieux chiites qui, à quelques exceptions près, se taisent, si elle doit faire face à des arrestations quotidiennes, elle n’a pas pour autant renoncé à affronter un régime qui, malgré ses fissures, apparaît encore solide. Face à un rapport de forces très inégal, elle a recours à d’autres formes de contestation. Dont celle d’identifier ceux qui sont soupçonnés d’avoir tué ou blessé des manifestants. «On retrouve les méthodes employées par les opposants du temps du chah. Ils procédaient d’une manière analogue avec les agents de la Savak [la police secrète de cette époque, ndlr] en leur faisant savoir qu’ils étaient identifiés. Une façon d’essayer de leur faire peur en leur disant : "On sait qui vous êtes." La différence avec le régime du chah, c’est que les opposants d’aujourd’hui sont beaucoup moins organisés», explique Hassan Makaremi, un chercheur et artiste iranien réfugié à Paris. Si, malgré la sévérité de la répression, l’opposition n’a pas baissé les bras, elle le doit d’abord à Mir Hossein Moussavi, qui reste ferme. Il s’attache même à fonder un parti dont on ignore s’il se situera à l’intérieur ou à la marge de l’actuel régime. Mais la contestation reste globalement sans tête : la plupart des ténors du camp réformateur sont toujours en prison, de même que nombre de journalistes. D’où l’impression d’une vaste nébuleuse, sans structure propre, sans direction, qui se désigne elle-même sous le nom de «Mouvement vert» - la couleur de campagne de Moussavi. Sa seule arme, c’est Internet. C’est par ce média que sont transmis les mots d’ordre et les consignes. Celles pour la manifestation du 9 juillet étaient au nombre de 15. Certaines donnent des conseils pratiques : «N’ayez aucun objet qui puisse faciliter votre capture ou vous blesser lors d’une altercation, comme un collier épais.» Certaines expriment la philosophie du mouvement : «Evitez les slogans trop violents. Au lieu de "mort à", dites plutôt "vive…" Essayez d’être positif. Rappelez-vous qu’arriver au but est bien plus important qu’une satisfaction immédiate.» Ou : «N’oubliez pas l’objectif : un mouvement dans le cadre du respect de la loi pour l’obtention des droits des citoyens […]. Rien d’autre. Ne prenez pas comme modèle les groupes d’opposants à l’étranger (royalistes, marxistes…).» D’autres consignes prévoient même une issue fatale : «Si vous voulez être identifié au cas où il se passerait quelque chose, mettez dans votre poche une photocopie de votre carte d’identité et écrivez votre numéro de téléphone et votre adresse au dos.» Solidarité. Pour le «Mouvement vert», le prochain objectif est de provoquer, mardi soir, pour commémorer la mort des jeunes tués à la manifestation du 20 juin, une vaste panne d’électricité à l’heure du journal télévisé. D’où cette consigne : «A 21 heures précises, nous demandons à tous les Iraniens de mettre en service un appareil électrique puissant, de préférence un fer à repasser surchauffé. Le branchement doit durer 240 secondes.» But de l’opération : «Nous pourrons sortir sur les toits, sans crainte d’être repérés par les indics, et crier sans peur des représailles : "Allah Akbar !"» Des initiatives qui ne sont guère de nature à chasser Ahmadinejad du pouvoir. Mais dans une société très jeune, où l’individualisme confine à l’égoïsme, on assiste à la naissance d’une véritable solidarité. Comme le raconte Sepiedeh, une jeune Téhéranaise : «Quand les bassidji mettent une croix sur une maison pour signaler que ses habitants ont crié "Allah Akbar", les voisins mettent aussitôt des croix sur les autres maisons du voisinage.» Jean-Pierre PERRIN

Iran : le rideau tombe

article paru dans le journal Libération du 3 juillet 2009

par Hassan Makaremi, psychanalyste, chargé de mission à la Sorbonne, trésorier de la ligue de défense des droits de l'homme.

TRIBUNE

Les élections du 12 juin ont levé le rideau sur un coup d’État en mouvement. Il y a quatre ans, l’élection de Mahmoud Ahmadinejad a ouvert la voie vers la concentration de tous les leviers du pouvoir en Iran. Le Guide suprême, Ali Khamenei, avait déjà entre ses mains l’appareil sécuritaire, l’ensemble des forces armées et des milices, le pouvoir juridique et l’ensemble des médias, dont il nomme directement les dirigeants. Enfin, il a un pouvoir de filtrage des députés et des organes électifs : toutes les candidatures à des mandats d’élus sont obligatoirement validées par le Conseil des gardiens et les membres de ce dernier sont choisis par le Guide.
En 2005, le président élu Ahmadinejad est venu couronner la pyramide des réseaux d’anciens Pasdaran (armée idéologique) et de Basidji (milice), issus de la guerre contre l’Irak, comme une armée déjà bien installée qui cherchait une tête exécutive. Pendant ces quatre ans, le Guide suprême et le pouvoir présidentiel qui lui est désormais dévoué parachèvent ce qu’on peut sans conteste appeler un coup d’Etat, en procédant par étapes.

D’une part, le Conseil des gardiens a vidé le Parlement des voix protestataires, avec la non-validation d’une large majorité des candidatures réformistes lors des élections législatives de 2008. D’autre part, le Président a nommé des Pasdaran à la tête des ministères, des préfectures et de la quasi-totalité des organisations importantes dans le pays, et leur a attribué les grands projets de construction.

Cette consolidation passe également par une réorganisation institutionnelle qui cherche à unifier le système d’éducation (grâce au programme de jumelage de chaque école avec une mosquée) et à mettre en place un maillage social par l’intermédiaire de nouvelles ONG. Elle cherche aussi à rationaliser le contrôle de l’économie par les organismes para-gouvernementaux (comme la fondation des blessés de guerre, les fondations qui gèrent les biens légués aux lieux saints, etc.), dont le budget total - très impressionnant même s’il est impossible à évaluer - est directement contrôlé par le Guide suprême. Quant à l’avenir à plus long terme, il se prépare en éduquant les combattants idéologiques et, finalement, en cassant le concept d'État-nation pour unifier la base chiite dans la région dans une perspective hégémoniste dans le monde musulman.

Ce dispositif est mis en place à partir de 1979 par l’union entre une partie minoritaire du clergé chiite, imposant sa thèse de la «suprématie du guide religieux», et une base sociale issue de la culture rurale et orale qui vit dans les villages libérés de l’influence des grands propriétaires terriens depuis les réformes agraires de 1962 et dans les quartiers défavorisés issus de l’exode rural.

Dès 1979, un coup d’État «rampant», se met en place par étapes successives. Le 5 novembre 1979, le Premier ministre intérimaire Bazargan, nommé par Khomeiny, est écarté du pouvoir à l’issue de la prise d’otages de l’ambassade des États-Unis. En 1981, le premier président de la République élu, Bani Sadr, est destitué et tous les partis d’opposition sont déclarés illégaux. Entre 1980 et 1983, le clergé chiite modéré et ses grands théologiens, comme Shariatmadari, sont neutralisés, les minorités religieuses non chiites et les minorités ethniques réprimées. En 1988, dans le climat d’une guerre meurtrière avec l’Irak qui vient de prendre fin, un massacre massif des prisonniers politiques et d’opinion, directement commandée par Khomeiny, installe la terreur (en 2008, Amnesty International a recensé plus de 5 000 prisonniers politiques exécutés en quelques mois en 1988). La même année, l’héritier officiel de Khomeiny, Montazeri, est écarté du pouvoir, sous le prétexte de ses protestations contre les exécutions massives, au profit d’Ali Khamenei. La nomination de Khamenei comme Guide suprême après le décès de Khomeiny, alors même qu’il n’a pas les qualifications requises pour aspirer à la fonction, est le premier signe visible d’un coup d’État rampant contre la République islamique elle-même.

Une des complexités du régime est en effet que, malgré le processus violent de prise de pouvoir par Khomeiny et son héritier, et malgré le déséquilibre institutionnel en faveur du Guide suprême, le principe de la souveraineté populaire et la participation réelle du peuple dans le choix du Président (parmi les candidats validés par le système) restent un espace politique «inviolable», héritages de la révolution de 1979, mais que nous pouvons faire remonter plus loin, à la mutation culturelle de la révolution constitutionnelle de 1906. C’est cet enjeu républicain qui est derrière l’élection de Khatami en 1997 et 2001.

Or, à partir du 13 juin 2009, celui qui prit les commandes de ce coup d’Etat et en devint le chef d’orchestre en a ôté le voile. Khamenei a ainsi commis deux erreurs. D’abord, il a validé le résultat des élections avant le Conseil des gardiens de la Constitution (nommé par lui). Ensuite, il a écarté les demandes de vérification des résultats des votes et les moyens légaux de leur contestation. Ce faisant, il a perdu sa légitimité en tant que garant et organisateur de cette campagne de vote - et a ébranlé la légitimité de sa fonction de Guide.

Cette mise à nu du régime entraîne de nombreuses questions. Jusqu’où la population iranienne non liée au dispositif de pouvoir actuel est-elle prête à aller pour résister et ne pas revivre les quatre dernières années de cauchemar ? Comment et jusqu’où les dirigeants du mouvement protestataire, qui pour la plupart n’ont pas les mains très propres, sont-ils prêts à accompagner la contestation et à l’approfondir ? Jusqu’à quand les acteurs du bazar et le clergé lié au bazar, acteurs socio-économiques essentiels dans l’histoire politique iranienne, garderont-ils leur neutralité, eux qui n’ont pas donné suite à l’invitation de Khamenei de faire la fête suite à la réélection d’Ahmadinejad ? Enfin, comment la communauté internationale et les pays de la région jouent-ils leur rôle, sans interférer dans les affaires du pays, en protestant concrètement contre le non-respect des droits de l’homme et en isolant les représentants actuels de l’État ? C’est un moment historique et rien n’est joué d’avance. La vision des leaders du mouvement actuel est en train de mûrir et le peuple iranien a un rôle crucial. Un regard historique et anthropologique, qui analyse la situation en connaissance des vrais enjeux pour ce peuple issu d’une grande culture, doté d’atouts très importants et qui peut jouer un rôle décisif dans l’avenir de la région et du monde, est indispensable. L’histoire nous montrera le degré de cette maturité.

Hassan MAKAREMI psychanalyste, chargé de mission à la Sorbonne, trésorier de la Ligue défense des droits de l'homme

Iran six mois après une élection : un état des lieux, un bilan, un diagnostic.

« Va et Vient : Protestations et Répressions dans un climat sans visibilité »

28 janvier 2010

Six mois après l’élection du 12 juin en Iran, après la chute du rideau. Un deuxième tournant nous attend. Ca ne peut pas continuer ainsi, un point de non retour a été franchi et pour avoir une visibilité plus claire un état des lieux s’impose.

Dans mon article de Libération de 3 juillet 2009, en confirmant que : « Les élections du 12 juin ont levé le rideau sur un coup d’Etat en mouvement », j’ai insisté sur la suite des événements en introduisant les acteurs de base et leurs enjeux : « Cette mise à nu du régime entraîne de nombreuses questions. Jusqu’où la population iranienne non liée au dispositif de pouvoir actuel est-elle prête à aller pour résister …? Comment et jusqu’où les dirigeants du mouvement protestataire, …, sont-ils prêts à accompagner la contestation et à l’approfondir ? Jusqu’à quand les acteurs du bazar et le clergé lié au bazar, … garderont-ils leur neutralité, …. Enfin, comment la communauté internationale et les pays de la région jouent-ils leur rôle,….. ». Que pouvons dire, six mois après ?

Un constat global des acteurs et des observateurs à l’intérieur ainsi qu’à l’extérieur est que la première phase de déni de mouvement nommée par Ahmadinejad comme des « Poussières » est derrière nous (dans son discours du 14 juin, il a comparé ceux qui contestent les résultats de l’élection à des “poussières” et a estimé que le nombre des manifestants ne dépassait pas celui des bulletins contenus dans une seule urne électorale.). Apres six mois le régime, y compris les différentes tendances, pouvoirs et acteurs évoquent la situation actuelle comme un problème à résoudre le plus vite possible. Le diagnostic et les solutions varient selon la position, l’intérêt, le niveau et le rôle de chacun de ces acteurs.

Faisons un état de lieu succins des événements par acteur: Les protestataires sont plus en plus violents. Leurs réclamations deviennent de plus en plus radicales. Les couches sociales des protestataires ne sont pas simplement des jeunes et des intellectuels de la capitale et de quelques grandes villes mais aussi des gens de toutes âges de villes moins importantes. Une méthode qui utilise les jours de manifestations utilisés par le régime depuis son installation comme une preuve de son soutien populaire et le prochain rendez- vous sera le jour de république Islamique : le 12 février. Le durcissement des répressions, des arrestations des dirigeants politiques et des manifestants, les traitements des prisonniers, des réactions des forces armées, des forces en civil est arrivé à son apogée depuis le décès de Khomeiny. Les journalistes sont en prison. Les journaux sont interdits. Des médias intérieurs sont sous contrôle et les média internationaux subissent des parasites très puissants. Il y a aussi des exécutions des opposants en vues. Des ONG nationales et internationales sont sous pression. Malgré les pressions très fortes exercées sur les dirigeants du mouvement, leurs revendications et leur méthode pacifiste basée sur le respect de la loi constitutionnelle et les manifestations dans la rue, bien que variant occasionnellement, ne changent pas radicalement :

Quelques personnalités du clergé, de haut niveau, ont pris fait et cause pour le mouvement. La réponse officielle était rapide et dure, a tel point que pour la première fois dans le système pyramidal du clergé chiite, un grand Marjaa Taglid ( signifiant littéralement source d’imitation se réfère à la seconde plus haute autorité dans le chiisme duodécimain, il se situe après le Prophète et les Imams chiites) protestataire a été déclaré inapte par le Conseil suprême des enseignants des écoles Coraniques de Qom, proche de pouvoir. Mais pour le moment, en attendant un retour à la normale, la majorité du clergé garde, au moins officiellement le silence. La communauté internationale perdant l’espoir du moindre compromis sur l’enrichissement d’uranium, se dirige vers le durcissement des sanctions plutôt politiques qu’économiques.

On peut avoir le sentiment de ce constat que de la part du régime, à ce jour, il y quatre catégories d’actions: Provocation, Communication, Répression, Négociation. Et cela sans avoir la possibilité de suivre les stratégies et les plans d’actions des acteurs à l’intérieur ainsi qu’à l’extérieur du régime. Il faut rappeler qu’il y là un manque flagrant d’informations fiables, un manque de visibilité sur les relations et la connaissance du niveau de pouvoir effectif des acteurs ainsi qu’un manque d’une certaine logique et de cohérence dans les discours.

On peut citer certaines provocations sur la scène internationale avec les pays voisins (des incidents frontaliers avec l’Iraq en décembre 2009), la mise en évidence de certain lien avec le conflit au Yémen, l’arrestation de ressortissants étrangers, l’ultimatum au groupe 5+1 au sujet d’enrichissement d’uranium. Notons certaines provocations internes, occupation des universités, blessures faites à des étudiants par armes blanches par des groupes en tenus civiles, attaques de mosquées et de lieux de culte fréquentés par les opposants.

Un ensemble de moyens de communications a été créé pour montrer la présence d’un complot imaginaire qui unie les ennemies intérieurs et extérieurs. Cet élément est introduit par l’ensemble des acteurs et des média du régime, comme une force puissante qui utilise tous les moyens possibles pour abattre l’essentiel du régime : Unité de Velayat-e-faghih et les forces fidèles : Pasdarans et les milices Basijis. Cette campagne est sans retenue et il y a aucune riposte possible car il y d’une part l’interdiction de la présence des média étrangers et d’autre part la censure des médias indépendants internes. En même temps la communication concernant la réponse aux vrais besoins quotidiens est tombée au deuxième plan dans un contexte économique défavorable.

La répression est appliquée sur les manifestants, les défenseurs des droits de l’homme, des leaders politiques et leurs proches, les partisans non chiites, les activistes kurdes…à deux niveaux. Dans un premier temps, ils utilisent les moyens légaux et illégaux et ensuite ils durcissent les moyens légaux à leur disposition pour faciliter l’application de la peine capitale et manipulation des opinions publiques. Deux opposants ont étés exécutés par mis 11 condamnés. En parallèle le régime prépare des interventions des milices en civil, au nom du peuple fidèle au principe de Velayat-e-faghih qui sort de tout contrôle direct et indirect, y compris du contrôle émanant des organes actuels du régime.

Et initialement il lance une campagne de médiation qui a pour objet d’isoler les plus décidés parmi des leaders actuels. Sans doute Rafsandjani joue un rôle clé dans l’orchestration de cette médiation. Ce qui pouvait être imaginé comme le rôle du guide dans son essence. Cette médiation produit un ensemble de déclarations et de lettres et une série de réponses du Guide et du gouvernement. Pour mesurer la difficulté des journalistes et des médias dans la situation actuelle, je traduis l’essentiel d’un article paru dans le journal indépendant, édité en Iran : « Donya-e-eqtesad, http://www.donya-e-eqtesad.com/, numéro 1985 édité en Iran, 5 janvier 2010 ». Je vous invite à suivre cet exemple dans lequel un journalise utilise son talent pour informer ces lecteurs dans les moments très difficiles et en résumé comprendre les contenus de ces déclarations :

« IRNA l’agence officielle presse du gouvernement ( iranien) dans un texte a réagi hier aux lettres des cinq activistes vivant à l’étranger, datée d’ hier et il écrit : ‘Quoi que Mir Hossein Moussavi dans la premier partie de son communiqué numéro 17 continue comme avant de supporter les insurgé , il propose ensuite cinq actions pour sortir de la situation actuelle et reconnaissance de gouvernement de Ahmadinejad, que ne convienne pas au goût de ses supporteurs vivants à l’étrangers et cinq d’entre eux dans un communiqué différents ont mis en oeuvre un plan pour se passer de Mir Hossein Moussavi.’

IRNA rapporte ce qui suit : On déclare dans ce communiqué ; signés par Abdul Karim Soroush, Abdolali Bazargan, Mohsen Kadivar, Akbar Gandji et Ataollah Mohajerani, une ressemblance avec les souhaits optimaux du mouvement vert’, sans doute irréalisables. L’Agence de presse du gouvernement écrit : ‘ Ces personnes habitants à l’étrangers en premier article de leur demandes comiques, contrairement au Mir Hossein Moussavi qui reconnait le gouvernement d’ Ahmadinejad, demande la démission d’ Ahmadinejad du poste de président de la république, l’organisation une autre élection et l’arrêt du contrôle à priori (des candidats aux élections par le conseil constitutionnel). Au dire de l’INRA, ce communiqué qui a été publié dans le site antirévolutionnaire ‘JARAS’, qui dépend de ces personnes, demande la suppression du conseil supérieur de la révolution culturelle, l’autonomie des universités, ce qui n’été pas demandé dans celui de Moussavi.. . IRNA ajoute : ‘ La liberté de tous les prisonniers politiques,de tous les médias, la reconnaissance des mouvements des étudiants et des femmes, les manifestations pacifiques et les partis politiques sont les points communs avec le communiqué de Moussavi.’ Sur la base du rapport de l’agence de presse du gouvernement, l’indépendance du pouvoir judiciaire et la restitution du poste de sa direction par élection sont les autres réclamations contraires aux lois constitutionnelles de ces individus …. »

On ajoute à cet ensemble des déclarations récentes des deux autres leaders des opposants ; Karobie et Khatami ; allant dans le même sens : acceptation direct ou indirect de la présidence d’ Ahmadinejad ainsi que l’autorité de Guide suprême.

La raison d’être des forces armées actuelles est contraire à ceux de l’époque du Shah. Les forces armées actuelles savent bien que seule la continuité de ce régime dans sa forme actuelle garantit la totalité de leurs avantages, de leur pouvoir, de leur liberté d’action et de leurs intérêts économiques. Le plus grave constat est que les Pasdarans, tout comme leur nom l’indique : « Gardiens de la Révolution Islamique », leur raison d’être est liée non pas à la protection des populations mais à la protection de la révolution Islamique et de son symbole, le concept de Velayat-e-faghih. Donc ces forces armées se battront pour leur existence

Pour le moment, il y a quelques signes très faibles d’ouverture de la télévision d’Etat et certaines libérations de proches des activistes politiques. Espérons que la campagne de médiation en cours arrive à mettre sous contrôle ses forces armées avec l’ensemble de leurs pouvoirs politique, économique, ainsi que leurs présences directes dans les exécutives, l’appareil judiciaire et le parlement. Dans le cas contraire l’Iran se prépare à un bain de sang interne ou externe, sauf une exception qui s’est déjà produit à plusieurs reprises pendant les deux derniers siècles dans son histoire. Cette exception est la prise de conscience de grands Ayatollahs du clergé chiite suivie par leur courage pour dissuader le guide et l’exhorter à se tourner vers la sagesse. Un exemple de ce courage, pendant les vingt dernières années, a été manifesté par l’Ayatollah Montazeri, décédé récemment et ses obsèques sont devenues aussi un prétexte efficace pour les manifestations du contre-pouvoir.

Si ces grands Ayatollah interviennent publiquement, la clé du début de la fin de la période république islamique, dans sa forme actuelle, se tournerait. Sinon cette fin arrivera mais en rouge, avec perte inutile et regret des vies humaines et des biens, une occasion perdue pour la construction du pays et de la région.

H. Makaremi

Interview journal Libération 29 novembre 2010

 «Ce qui est aussi inacceptable pour les religieux, souligne le chercheur et psychanalyste Hassan Makaremi, c’est qu’Ahmadinejad, en se plaçant sous l’autorité de l’Imam caché [le douzième imam du chiisme, caché selon la tradition depuis 941 et qui doit revenir à la fin des temps, ndlr], sous-entend que l’Iran n’a pas besoin des religieux pour gouverner.» Mais, souligne-t-il, d’autres points séparent les deux camps :«Khamenei et Mesbah Yazdi pensent que les révoltes arabes sont le prolongement de la révolution islamique iranienne de 1979, alors que Mashaie admet que le mouvement peut procéder de certaines demandes démocratiques de la population.»

Liberation french news paper

Le mauvais sort d’Ahmadinejad Récit La contestation démocratique écrasée, les clans au pouvoir en Iran se déchirent: les religieux proches du Guide suprême s’en prennent à l’entourage d’un président qu’ils disent «envoûté».

Par JEAN-PIERRE PERRIN

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, le 29 novembre 2010 à Téhéran. (© AFP Behrouz Mehri) Mahmoud Ahmadinejad a-t-il été envoûté et dirige-t-il l’Iran avec les djinns, les yogis ou les sorciers ? C’est ce que lui reprochent depuis plusieurs semaines les courants religieux iraniens les plus conservateurs qui visent en particulier son âme damnée, Esfandiar Rahim Machaie. L’attaque a été portée notamment par l’ayatollah Mohammad Taqi Mesbah Yazdi, qui, c’est l’une des surprises de cette affaire, passait jusqu’alors pour le mentor et le guide spirituel du président iranien. Dans la presse, le religieux a reproché ouvertement à Mashaie de tenir Ahmadinejad «dans sa main» : «J’ai dit à des amis proches qu’il a été envoûté à 90% […]. Je ne sais pas s’il s’agit d’hypnotisme, d’envoûtement, de relations avec des yogis […] mais il y a quelque chose d’anormal.» Le Président «a dix amis, en met neuf de côté, et justifie tout ce que fait le dixième», a-t-il déploré dans une allusion claire à Mashaie, lui reprochant aussi de vouloir créer «une organisation franc-maçonne». L’affaire a déjà conduit plusieurs proches de Machaie, présentés comme des «sorciers», en prison. L’un d’eux, Abbas Ghaffari, a été décrit, selon le site iranien Ayandeh.com, comme«un homme avec des capacités spéciales dans le domaine de la métaphysique et avec des relations avec les mondes inconnus». A travers cette nouvelle bataille qui saisit l’Iran, à présent que le camp réformateur a mordu la poussière, que ses deux ténors Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi sont en liberté surveillée, se dévoilent deux factions qui, le danger d’un renversement prochain du régime étant écarté, aspirent à en découdre. Première faction : celle d’Ahmadinejad et de Machaie, le dauphin du président et dont le fils a épousé sa fille. Les deux hommes veulent un Iran débarrassé de la caste des religieux réactionnaires hostiles à toute modernité. Pour porter l’offensive, Mashaie joue le rôle de boutefeu en tenant des propos ultranationalistes qui exaltent la culture iranienne préislamique ou en défendant l’existence d’«une école iranienne de l’islam», cequi fait hurler les ayatollahs. Il est aussi libéral sur certaines questions culturelles et aurait même déclaré, en 2008, que «l’Iran était l’ami du peuple israélien», fâchant un peu plus certains hauts religieux qui ne sont pas exempts d’antisémitisme. A l’inverse, la faction des religieux, qui contrôle la justice, ne veut au contraire ne rien céder. L’ayatollah Mesbah Yazdi souhaite même que les clercs contrôlent 100% du pouvoir. Aussi, Mashaie est-il perçu comme une menace. D’où l’actuelle contre-offensive dans le but d’arriver au moins au limogeage de Mashaie, accusé aussi de «déviationnisme» et hérésie, deux charges très graves… Barbouzes. Dans ce conflit, la question du contrôle des services secrets est essentielle. Ceux-ci ont la haute main sur les élections. D’où le récent limogeage du ministre du Renseignement, Heydar Moslehi, par Ahmadinejad au grand mécontentement des religieux. Raison de cette mise à l’écart : le chef des barbouzes avait lui-même tenté de se débarrasser d’un adjoint de Mashaie. C’est alors que le Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a fait irruption dans la mêlée en imposant son veto à ce limogeage d’un homme qui est proche de lui. Ce coup de frein à la mise sous tutelle de tout l’Iran par Ahmadinejad a été évidemment salué par tout le camp ultraconservateur. Pour Ahmadinejad, le choc a été rude. Au point qu’il a disparu de façon spectaculaire pendant douze jours, ce qui a accrédité l’idée qu’il était en pleine dépression nerveuse. Depuis, il est revenu mais il bat désormais pavillon bas. Il a ainsi répondu aux injonctions de la majorité conservatrice du régime qui avait violemment dénoncé sa rébellion en faisant, ces derniers jours, une allégeance marquée à Ali Khamenei. Élections. Derrière cette guerre entre factions, entre le Président et le Guide, se profilent les élections législatives de 2012 qui prépareront la présidentielle de l’année d’après. Ahmadinejad ne pouvant plus solliciter de troisième mandat, c’est Mashaie qui veut entrer en piste. Inacceptable pour les religieux. D’où la bataille pour contrôler le Parlement. «Ce qui est aussi inacceptable pour les religieux, souligne le chercheur et psychanalyste Hassan Makaremi, c’est qu’Ahmadinejad, en se plaçant sous l’autorité de l’Imam caché [le douzième imam du chiisme, caché selon la tradition depuis 941 et qui doit revenir à la fin des temps, ndlr], sous-entend que l’Iran n’a pas besoin des religieux pour gouverner.» Mais, souligne-t-il, d’autres points séparent les deux camps :«Khamenei et Mesbah Yazdi pensent que les révoltes arabes sont le prolongement de la révolution islamique iranienne de 1979, alors que Mashaie admet que le mouvement peut procéder de certaines demandes démocratiques de la population.» Actuellement, toute la pression du clergé traditionnel s’exerce sur Ahmadinejad pour qu’il lâche Mashaie, condition nécessaire pour qu’il puisse finir son mandat en paix. Pour le moment, il n’a pas cédé. Mais il apparaît très affaibli par la guerre en cours qui l’a vu perdre le soutien de son mentor, le terrifiant ayatollah Mesbah Yazdi. On l’a vu lors de récentes manœuvres des pasdaran (Gardiens de la révolution), où il n’a même pas été associé.

Le cahier d’Aziz, par Chowra Makaremi

Chers amis,
J'ai le plaisir de vous parler du livre "Le Cahier d'Aziz" écrit par ma fille Chowra Makaremi et paru  chez Gallimard (le 29 avril 2011)

Le cahier d'Aziz par Chowra Makaremi Ed. Gallimard "Témoins"

Le cahier d'Aziz par Chowra Makaremi - Ed. Gallimard "Témoins"

Livre disponible sur amazon.fr

Interview de Chowra  sur France Inter

Dans l'émission d'Audrey Pulvar sur France Inter le jeudi 28 avril 2011.

 

Au sujet du livre

Au cœur de la révolution iranienne
Au cours de l’hiver de 2004, Chowra Makaremi découvre un cahier contenant les Mémoires de son grand-père, Aziz Zarei, disparu dix ans auparavant. Ils retracent le destin de la tante et de la mère de la jeune femme, toutes deux militantes d’un parti d’opposition en Iran : la première, exécutée en 1982 ; la seconde, arrêtée en 1981 et assassinée en 1988 au cours d’exécutions de masse des prisonniers politiques.

(suite…)