18-Exposition internationale de calligraphie, Novgorod

Article paru dans Plume N°55  Décembre - Janvier - Février 2011

(Lancé en 1994, Plume, le magazine du patrimoine écrit est un périodique trimestriel sur beau papier richement illustré en couleurs qui s'adresse à tous les passionnés et amateurs d'écritures, de manuscrits et de correspondances, mais aussi à tous les curieux intéressés par l'histoire, la littérature et les arts.)

Les Actus

Après Saint-Petersbourg et Moscou, respectivement en 2008 et 2009, c’était au tour de Novgorod, ville au riche passé historique et artistique, d’accueillir du 10 au 12 septembre derniers ce salon organisé par le Musée contemporain de la calligraphie de Moscou. « Cet art rare et original qu’est la calligraphie est fort prisé en Russie » nous confie Alexeï Shaburov, son directeur « et c’est la raison pour laquelle nous avons lancé une telle exposition »1. Soutenue par les collectivités locales, la manifestation a accueilli pas moins de 37 000 visiteurs, preuve de son succès. Sur une superficie de 2 000 m2, quelque 200 œuvres soigneusement sélectionnées, de plus de 35 calligraphes contemporains venus de toute l’Europe et d’autres continents étaient présentées sur les cimaises du luxueux pavillon édifié pour l’occasion sur la rive du Volkhov. Marquées par la variété des styles et des sources d’inspiration, ces œuvres calligraphiées relèvent bien souvent de la pure création artistique plutôt que de la belle écriture. Expression d’une culture, voire d’une civilisation, elles traduisent des aspirations différentes d’un pays à l’autre.

Ainsi, les travaux du Russe Egor Lobusov sont davantage tournés vers la recherche de signes ancestraux tandis que ceux des Français Hassan Makaremi et Michel d’Anastasio relèvent davantage de la pratique artistique. Certaines calligraphies, notamment celles du Proche et du Moyen-Orient, mais aussi d’Extrême-Orient ou d’Europe de l’est sont sous-tendues par la tradition, souvent religieuse. Les trois grandes religions sont, en effet, sources d’inspiration pour nombre de créations exposées. Deux espaces bien délimités étaient même dédiés à ces écrits « sacrés ». Dans l’un d’eux, le visiteur pouvait ainsi contempler le plus long parchemin du monde inscrit au Guinness des records : il s’agit d’une mezuzah2 de 110 cm de large. Les abécédaires, calligrammes et autres exercices d’écritures visuelles sont plutôt le propre de l’écriture latine où s’illustrent des Français comme Jean Larcher mais également des calligraphes russes, scandinaves, anglais, allemands et italiens.

Marquée par une très grande variété de supports où l’on peut reconnaître outre les différentes gammes de papier, du parchemin, du vélin, du tissu, de la porcelaine, de l’écorce de bouleau, la calligraphie contemporaine s’inscrit dans le sillage d’une longue et lointaine pratique puisant aux sources de l’écriture et de l’art, les associant et les mêlant continuellement dans un souffle lyrique parfois époustouflant.

Pascal Fulacher