02- 1997 – Paris: « Lumière, Temps, Espace »

"Rencontrer la terre" non point comme un ensemble de faits physiques, mais dans la personne de son Ange, c'est là un événement essentiellement psychique qui ne peut avoir lieu ni dans le monde de concepts abstraits impersonnels, ni sur le plan des simples données sensibles. Il faut que la Terre soit perçue non point par le sens, mais par une image primordiale, et parce que cette image porte les traits d'une figure personnelle, elle s'avérera comme symbolisant avec la propre image de soi-même que l'âme porte en son fond intime"

Paris: "Lumière, Temps, Espace"

Affiche - Paris: "Lumière, Temps, Espace"

 

"Il est en fait le huitième climat. Cet Orient mystique suprasensible, lieu de l'origine et du retour, objet de la quête éternelle, est au pôle céleste".

"Orientation dans le temps : les différentes manières dont l'homme approuve sa présence sur terre, et la continuité de cette présence dans quelque chose comme une histoire, et la question est de savoir si celle-ci a un sens ... Or, un des leitmotive de la littérature du soufisme iranien, c'est la quête de l'Orient... d'un Orient dont nous comprenons d'emblée, qu'il n'est ni situé, ni situable sur nos cartes géographiques, cet Orient n'est compris dans aucun des sept climats (les Keshnar)...

... L'orientation est un phénomène primaire de notre présence au monde. Le propre d'une présence humaine est de spatialiser un monde autour d'elle, et ce phénomène implique une certaine relation de l'homme, son monde, cette relation était déterminée par le mode même de sa présence au monde. Les quatre points cardinaux, Est et Ouest, Nord et Sud ne sont pas des choses que rencontre cette présence mais des directions qui en expriment le sens, son acclimatation à son monde, sa familiarité avec lui. Avoir ce sens, c'est s'orienter dans le monde. Les lignes idéales d'Orient en Occident, du septentrion au midi, forment un réseau d'évidences spatiales à priori, sans lesquelles il n'y aurait d'orientation ni géographique ni anthropologique..."

"Quel que soit le nom qu'on lui donne, les événements qui déterminent la relation avec le guide personnel invisible ne tombent pas dans le temps physique quantitatif, ils ne sont pas mesurables par les unités de temps de la chronologie, homogènes et uniformes, réglées par les mouvements des astres ; il ne s'insèrent pas dans la trame continue des événements irréversibles. Ces événements s'accomplissent dans un temps certes, mais un temps qui leur est propre, ce temps psychique discontinu, qualitatif pur dont les moments ne peuvent s'évaluer que selon leur propre mesure, une mesure qui varie chaque fois avec leur intensité même. Et cette intensité mesure un temps où le passé reste présent à l'avenir, où l'avenir est déjà présent au passé, de même que les notes d'une phrase musicale, énoncées successivement, n'en persistent pas moins toutes ensemble au présent pour constituer précisément cette phrase"

H. CORBIN

"Henry Corbin" détaché en 1935 par la bibliothèque nationale à l'Institut Français de Berlin, il en rapporte la première traduction française de Heidegger "Qu'est-ce que la métaphysique?". Chargé de mission en Turquie, puis en Iran, il fonde le département d'Iranologie de l'Institut Franco-Iranien. Il est l'auteur d'une vaste fresque des principales étapes de la pensée islamique depuis les origines jusqu'aux grands philosophes de l’Iran du 17ème siècle sous le titre "Histoire de la philosophie islamique en Islam Iranien" quatre volumes consacrés aux penseurs Iraniens, Shiites, Ismaéliens et Soufis qui révèlent à l'Occident un continent spirituel inconnu. Il est mort à Paris en 1978